dimanche 8 octobre 2017

L'Intelligence Artificielle





L’Intelligence Artificielle était à la une ce mois avec Microsoft experiences 17 consacré à l’intelligence numérique, « France is AI » et la sortie du livre « La guerre des intelligences » de Laurent Alexandre.


En tant que maman et citoyenne du monde, je m’interroge évidemment sur l’héritage que nous allons laisser à nos enfants et en particulier sur l’impact de l’IA sur notre société.


Les uns montrent l’IA comme une opportunité fascinante d’améliorer les conditions de vie de l’Homme, de prolonger la vie ou de relancer l’économie. Les autres la pointe comme destructrice d’emplois, un danger pour la vie privée, un vecteur d’inégalités et j’en passe.


Je crois surtout que l’IA est ce que nous en faisons. Cela impose de définir clairement les finalités poursuivies et la mise en place de gouvernance mondiale afin de s’assurer que ces dernières soient pour le bien commun et soient bien respectées. L’IA peut être une alliée pour avancer sur la recherche contre les maladies mortelles ou la protection de notre environnement naturel. Mais elle peut aussi être destructrice d’emplois si nous décidons de l’utiliser pour réaliser de pures économies sans en mesurer les impacts sur la société. Une entreprise décide de remplacer ses conseillers clientèle par des bots ou ses caissiers par des automates, puis une autre et toutes les entreprises la suivent pour rester compétitives, effet multiplicateur assuré. Et si les robots-infirmiers japonais se propageaient dans le monde entier ? Avec le Machine Learning, une IA est déjà capable de coder à partir de programmes existants. A quand la fin des développeurs ? Et ces mêmes IA seront capables un jour de s’auto-maintenir. Et pourquoi pas des ai-avocats ? Ou ai-médecins ? Ou des ai-ceo ? Ou des ai-musiciens ? Ou des ai-peintres ? Tout est possible. Que feront alors toutes ces personnes qui n’auront plus d’emplois ? Avons-nous mis en place un système permettant de les requalifier et leur permettre de continuer à vivre dignement ? Quels seront les impacts collatéraux sur notre système ? Devons-nous laisser cette situation se produire ? Comment nous préparons-nous à ce changement ?


Mais valider la finalité ne suffit pas. Nous avons vu le dérapage d’un simple bot sur les réseaux sociaux. Que se passera-t-il avec une IA plus évoluée capable d'apprendre, de se répliquer et d'évoluer comme un virus que nous aurions créé, avec des agents intelligents capables de communiquer entre eux et d'agir de façon collective ? Comment pouvons-nous nous assurer de garder le contrôle ?


Alors j'entends dire que nous sommes à la traîne par rapport aux GAFAM américains ou à la Chine et que si nous ne faisons rien, nous allons être dépassés et perdre la guerre économique. J'entends dire que ceux qui ont peur de l'IA sont des idiots réfractaires au changement. Pour ma part, je n'ai pas peur de l'IA. Bien au contraire, je la trouve fascinante. Je ne la connais pas et je ne prétend nullement la maîtriser. Mais je pense au monde que je vais laisser à mes enfants. Je pense aux milliers voire millions de gens qui perdront leur travail et qui se retrouveront dans une situation de précarité si nous ne faisons rien pour nous y préparer en investissant sur la recherche sur l'IA, sur l'éducation afin d'apprendre à nos enfants à s'adapter, sur la formation et la requalification. Oui, il faut y aller mais y aller avec précaution et préparation. Nous avons trop souvent géré les choses de façon curative par le passé, il n'y a qu'à voir les dispositifs d'urgence mondiaux que nous devons mettre en place pour lutter contre la pollution.

L’IA n’est pas une course. L’IA est génératrice de cygnes noirs imprévisibles avec des effets majeurs. La vraie urgence est de mettre en place une gouvernance globale, d’y aller progressivement en mesurant les impacts de chacun de nos pas et d’appliquer le principe de précaution. Il est du devoir de nos représentants, des chefs d’entreprise et de chacun de nous de s’assurer que chacune de nos actions reste pour le bien commun.

Einstein, pourtant pur génie, n’imaginait pas les conséquences en signant la lettre du 2 août 1939 destinée à Roosevelt. Il est prétentieux de croire pouvoir prédire toutes les déviations et conséquences de l’IA. Honnêtement, qui est capable de prédire les impacts de l’AI sur le moyen et long terme ? Personne. Tout ne reste que des suppositions, des possibilités, des chiffres hypothétiques. La difficulté se trouve bien là, prédire les impacts d’un acte même local dans un monde VUCA. Et le danger réside dans ceux qui croient connaître et maîtriser l'IA ; l'IA reste une expérience scientifique. Le danger réside dans ceux qui sous-estiment les impacts de cette nouvelle révolution technologique en se référant aux précédentes ; la différence est que nous sommes en train de créer une nouvelle forme d'intelligence autonome contrairement à la machine à vapeur et à l'électricité.
  
Les qualités pour survivre dans un monde VUCA ne sont pas l’intelligence mais la résilience, la capacité à s’adapter à un environnement dynamique et l’intelligence collective. Et l’éducation doit se transformer pour aider à développer ces qualités par exemple par le biais de simulation games et du travail collaboratif. Je crois également que l’empathie et la solidarité seront les différenciants à l'instar de ce que nous retrouvons dans la nature (L'intelligence des arbres).